Tuesday, January 13, 2009

sempre em marcha: Pedro Costa Entretien effectu�le 13/03/2001, ARTE

sempre em marcha: Pedro Costa Entretien effectu�le 13/03/2001, ARTE




3. Le passage d'"Ossos" à "Dans la chambre de Wanda"

La différence, c'est grandir, je crois. Mais grandir, je pense à ce livre qui est pas mal, "Age d'homme", c'est qu'"Ossos", il y avait un monde choisi, parce qu'il s'accordait bien à mes désirs, à mes choses lointaines d'enfance, qui venaient plus des peurs, plus sombres, d'angoisses de petit garçon. Là, je voyais bien que ça venait de là. Ou bien de films qui m'ont marqué pour ça. Certains films d'horreur ou tous les films allemands, quand je dis horreur, je pense à Tourneur, qui étaient des invitations à entrer dans ce monde. Je prends l'exemple de Tourneur, des mondes où les gens ne savaient pas être au monde, donc il y avait quelque chose dans ce quartier qui était aussi ça, des gens qui savent pas, qui n'ont pas la place, qui n'ont pas les mots, qui sont tellement trompés et exploités et opprimés qu'ils ont dû parler d'une autre façon, parler avec une espèce de langage tellement métissé pour se protéger, parce qu'ils étaient tellement trompés et exploités… Le passage des deux films c'est ça, au début il y avait un regard de détresse cinéphile, quelque chose d'enfantin, qui aime ce qu'il voit mais qui a peur, qui veut se réveiller tout le temps. Il y avait plus de cinéma dans "Ossos" dans ce sens-là et aussi moins de cinéma dans le sens où je commence -j'ai toujours compris le cinéma comme ça mais - où il faut faire des pas, peut-être qu'un film explique l'autre.

La vie qui circule dans les sons

Moi, j'aime beaucoup beaucoup travailler le son, mais le travailler vraiment, passer des mois et des mois, et dépenser beaucoup d'argent évidemment parce que c'est cher, à refaire le son à envoyer des gens faire des ambiances. Moi, je crois que c'est une bonne chose quand tu as un copain qui fait le son, qui est déjà engagé dans cette espèce de film avec des gens, tu n'es même pas une petite équipe. Et tu dis : "Va écouter un peu ce monde. Prends un week-end, complètement tout seul, tu verras c'est bien." Et puis, tu vois ce qu'ils disent, dans les films : "Après, on fait une ambiance raccord ou je vais faire un petit son là-haut dans la montagne", c'est pas absolument vrai. C'est toujours entre le moment où la voiture de production va partir, il fait le son avec déjà le coin de l'œil sur la dernière voiture sur le point de partir et il dit "Hé, là, je fais encore un son". Mais ce n'est pas exactement vrai, faire un son, c'est pas ça. C'est parler avec des gens, rentrer dans les maisons, c'est dîner, c'est tout ça. Et ça, j'aime beaucoup, faire beaucoup d'ambiance, ou essayer moi-même, c'est une autre façon de filmer, j'en ai fait moi-même beaucoup pour Wanda. Mais c'est être là avec un micro et une caméra. Essayer de faire parler les gens parfois, dans Wanda, il y a plein de choses comme ça. Dans l'autre aussi. J'étais avec mon DAT, et j'ai fait parler des gens, ils parlaient de tout et de rien, dans Ossos il y a ça, des moments de conversations, de dîner d'une famille, derrière. Après tout ce travail de son, de montage, c'est quelque chose que je trouve nourrit les films d'une façon pas pour faire comme si c'était du direct, parce qu'on voit bien dans ces deux films qu'il y a un travail sonore qui dépasse le son direct, qui serait là, présent, brutal, mais aussi un côté recomposé. Le son installe une espèce de confiance dans la vie, il donne un peu de vie, simplement.

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